Sunday, April 23, 2017

MONTRÉAL / PERSPECTIVE AUTOCHTONE • Yves Sioui Durand -Page 1

Photo © Lena Ghio, 2017
Carte du cours du Fleuve de St.Laurent Depuis son
Embouchure jusqu'au dessus de Quebec, Pour servir à
l'Histoire Générale des Voyages /
Par M. B. Ing. de la Marine . - 1757 ARCHIVES
Alors que le Maire de Montréal Denis Coderre et Gilbert Rozon, le commissaire officiel de toutes les manifestations artistiques qui soulignent le 375e anniversaire de Montréal, circulent dans la ville très fiers de leurs achèvements, mettant en lumière un nombre limité d'artistes québécois et québécoises mais encore moins d'artistes autochtones, j'ai profité de Printemps Autochtone D'Art 3, le dernier en plus, pour faire un contrepoint à toutes ces célébrations ostentatoires et couteuses pour revenir à la source de notre ville, sa vraie nature, ses vraies origines. Yves Sioui Duranddirecteur artistique d’Ondinnok et récipiendaire du Prix du gouverneur général pour les arts du spectacle 2017 dans la catégorie théâtre, m'a raconté en détail une histoire que vous ne savez pas sur les peuples qui marchaient sur cette terre avant nous. Je transcris son récit en segments hebdomadaires. 

Guerrier - Chasseur  MicMac 
« Il faut se rendre compte que dans le début de la colonie, ce qu'on appelle la colonie Nouvelle-France, que Québec est fondé en 1608. Déjà existait sur le fleuve Saint-Laurent ce qu'on appelle des lieux de rendez-vous, de rencontres, et ça même un petit peu avant Jacques Cartier. On va remonter jusque-là et revenir jusqu'à la fondation de Montréal. C'est-à-dire, pourquoi Jacques Cartier est-il venu découvrir le Canada?

Il n'a pas fait ça parce qu'un matin il s'est levé et qu'il fallait y aller. C'est parce qu'il y avait une course au niveau Européen pour aller chercher, pour mettre pied-à-terre littéralement dans ces Amériques qui étaient pour l'Europe sujet d'une vision très mythifiée et mystique aussi. Donc le premier but c'était de réguler le commerce illégal. Parce que le commerce des fourrures se faisait déjà depuis fin 1400 jusqu' en 1534 quand Jacques Cartier rentre dans le fleuve. Il y avait déjà un commerce qui se faisait avec les Basques et certains Espagnols. Il y avait aussi différents capitaines de bateaux qui venaient pour la morue sur les bancs de Terre-Neuve. Déjà avec les Béothuks, ceux qu'on appelle les Béothuks, on avait des échanges. Il y en avait avec MicMacs, sur la côte Atlantique, il y en avait du côté de la Basse Côte Nord, aujourd'hui ce qu'on appelle Brador qui à la limite de la Basse Côte Nord et le Labrador, il y avait déjà des Innus  qui vivaient là mais surtout à l'intérieur du fleuve, à la hauteur du Saguenay dans le Tadoussac, qui était vraiment le gros foyer de la traite.

Auto-portrait par Samuel de Champlain
 « Deffaite des Yroquois au Lac de Champlain »
Donc, à partir de Jacques Cartier, on dit "découvre" le Canada et vient poser le monopole du roi. Le roi prend le monopole de cette traite et en tire des profits. Et donc à partir de là va s'organiser les premiers grands monopoles parce que là on fait du profit avec la traite en échanges illégaux et inégaux où déjà la France tire un profit de la fourrure qui entre à l'intérieur de l'Europe et le roi a le monopole de cette raite là qu'il délègue à de grands navigateurs ou des grands commerçants qui sont sieurs du monde au début.  Puis c'est avec eux que Champlain va venir fonder Québec, d'une certaine façon. Il vont d'abord faire une alliance avec les peuples autochtones à Tadoussac, en 1603, à ce qu'on appelle la Pointe aux Allouettes qui est juste de l'autre côté du Saguenay. Ce qui est aujourd'hui Baie-Sainte-Catherine. Donc une alliance avec les peuples Algonquiens qui sont les alliés commerciaux des Inuits pour la traite. Et en 1603, au moment où Champlain est là, il y a aussi les Hurons qui viennent complètement des Grands Lacs et ils sont là, à la Pointe aux Allouettes. Ils sont des alliés qui viennent aussi en éclaireurs, pour pouvoir échanger des produits comme le maïs avec les Innus

Mappe qui illustre le contrôle du territoire des Premières
Nations en 1660 réalisée par l'Honorable Albert Gallatin
Les Hurons-Wendat échangeaient du maïs avec les Innus contre de la fourrure, contre certains outils aussi et c'est assez extraordinaire car quand on va sur les lieux, les Hurons, qui étaient des peuples du maïs, se mettaient du côté de Baie-Sainte-Catherine où est la Pointe aux Allouettes, parce qu'il y a une rivière qui sort là avec de la glaise, ils pouvaient faire leur poterie pour faire cuire leur maïs. Donc c'est la première grande rencontre, je dirais historique qui va fonder toutes les alliances, toutes les réciprocités entre les Français, en établissant Québec, on va définir ce qu'ils appellent la Nouvelle France et c'est basé uniquement sur le réseau d'alliances autochtones. Ils étaient très peu de colons à cette époque-là. En fait ce n'était pas des colons mais plutôt un poste de Québec. Champlain étant un militaire, va barrer l'entrée du fleuve vers le haut du fleuve. Mais Jacques Cartier était déjà allé  jusqu'à Montréal, Hochelaga à l'époque, en 1535. Champlain va venir aussi mais il n'y a plus de bourgades comme il y avait à l'époque de Jacques Cartier. Il faut comprendre que Montréal est un lieu extraordinaire à l'époque. Montréal, pour moi, c'est comme l'Amazonie. Le fleuve se sépare en plusieurs branches, découpe l'île de Montréal, l'île Jésus et c'est le lieu de rencontre. C'est un lieu qui est d'abord habité par les Iroquois, les Iroquoiens , donc ceux qui parlent la langue IroquoiseOn croit que c'est probablement les Mohawks, les Kanien'kehá:ka, qui étaient peut-être ceux qui étaient à la fameuse bourgade d'Hochelaga. »

Hochelaga par Giacomo Gastaldi en illustration du livre Delle Navigationi et viaggi, (Venise, 1565)1.
Cette semaine, au bord de cette ancienne bourgade, à la Maison de la Culture FrontenacPrintemps Autochtone D'Art 3 ouvre officiellement avec un vernissage ouvert à tous ce 26 avril à partir de 17h dont voici les détails:

Allocutions et prestations artistiques :
  • Hannah Claus, commissaire de l’exposition, les artistes Babe, Carla et Raohserahawi Hemlock ;
  • Catherine Joncas, membre fondatrice d'Ondinnok et commissaire des Levers de rideau ;
  • Shauit, musicien innu, dans une performance qu'il a présentée en lever de rideau à l'Usine C, les 11 et 12 avril derniers ;
  • Dave Jenniss, directeur artistique associé d’Ondinnok et Ivanie Aubin-Malo, dans un extrait de leur spectacle Ktahkomiq ;
  • Leticia Vera et Carlos Rivera, dans un extrait de leur spectacle El buen vestir-Tlakentli ;
·       Yves Sioui Durand, directeur artistique d’Ondinnok, récipiendaire du Prix du gouverneur général pour les arts du spectacle 2017 dans la catégorie théâtre;
L’ensemble Kawandak, dirigé par le contrebassiste Normand Guilbeault, animera la soirée en musique et offrira, en compagnie d’Yves Sioui Durand, un bref aperçu du spectacle de clôture du PAA3, Wampum-Kaionn’i.

En présence également de Lyne Lanthier, chargée de programme (Diversité culturelle et communautés autochtones) et de Céline Lavallée, directrice de programme (Soutien aux artistes, aux communautés et à l’action régionale) au Conseil des arts et des lettres du Québec et des représentants du réseau Accès culture.



-LENA GHIO

De Gauche à Droite: Continuing the Legacy_ Babe Hemlock with wrap by Carla Hemlock : Skywoman's Descent, Carla Hemlock, 2009. Photo Stephen Lang : Haudenosaunee passport, 2010

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